Pourquoi Thérapie Incarnée ? (incarner en latin, étymologiquement « dans la chair »).
Car notre Corps est à la fois le lieu où s’exprime le Processus de Vie, notre temple et notre monde (le seul que nous connaissons). Étant notre « seul lieu de vie », il doit être également l’espace de la thérapie. La thérapie incarnée, s’inscrivant dans le champ des thérapies psycho-corporelles, se différencie des autres courants de psychothérapie qui privilégient le traitement appelé “descendant” (les techniques descendantes utilisent typiquement la cognition pour tenter de contrôler l’affect, l’expérience sensori-motrice et les symptômes des psychopathologies : analyse, compréhension, création de sens, techniques de régulation voire restructuration de l’expérience subjective…). Ce traitement descendant, seul, peut aider à gérer les réactions sensori-motrices lors de situation d’urgence, mais il ne peut pas se charger de leur intégration complète (sur le long terme, cela ne génère souvent qu’un déplacement de symptôme ou un statu quo de la psychopathologie – nous ne traiterons pas le symptôme mais la posture qui l’a engendré).
Pour la thérapie incarnée, le traitement doit être “ascendant”, c’est-à-dire qu’il doit se faire au niveau sensori-moteur, au niveau du corps. Elle ne cherche pas à prendre le contrôle de l’expérience sensori-motrice, mais au contraire, à observer et à vivre cette expérience que le corps propose. Tous les traumatismes, toutes les psychopathologies sont, avant tout, engrammés dans le corps, physiologiquement. C’est donc à ce niveau qu’il faut descendre pour dénouer ce qui s’y est figé. Le traitement descendant n’est cependant pas mis de côté, il arrive simplement dans un deuxième temps. Le sens et la compréhension émergent des nouvelles expériences, et pas l’inverse.
Dit autrement, nous allons simplement accompagner la personne à laisser son corps lui faire vivre ce qu’il lui propose de vivre, et le laisser lui-même revenir à l’équilibre grâce à ses propres processus d’auto-guérison (nous ne soignons pas, nous travaillons sur les freins au processus d’auto-guérison et/ou nous mettons en place un environnement optimisant le processus d’auto-guérison). L’objectif sera d’intégrer les éléments des expériences de vie qui restent bloquants (éléments du passé toujours actifs qui continuent de figer la personne dans le présent) afin de retrouver complétude et unicité.
Notre orientation thérapeutique ne sera pas une orientation analytique ou solutionniste, mais une orientation ADAPTATION (l’objectif est que l’humain soit capable de s’adapter à l’expérience qui lui est proposée de vivre, car il a peu de maîtrise sur l’existence même de cette dernière).
Et c’est là que l’hypnose prend son sens. Elle est la clé de l’incarné pas de la thérapie. Nous utilisons l’Orientation Particulière de l’Attention qu’est l’hypnose afin de plonger la personne dans son vécu sensori-moteur, afin de lui faire incarner une expérience. Cependant, pour qu’une thérapie soit efficiente, nous devons travailler avec l’humain au plus proche de sa réalité (in situ). Ce dernier se tient debout, il est en mouvement, il a un rôle et une posture précise dans son scénario problème. Nous devons donc aller dans ce sens. Être allongé, immobile, c’est s’éloigner du vécu sensori-moteur de la personne. C’est pour cela que nous privilégions le travail dit de « transe externe » et de « transe partagée » (au détriment de la transe interne classiquement utilisée), et que nous n’utilisons plus de suggestions (qu’elles que soient leurs formes) afin de générer du contenu expérientiel (c’est la personne qui va le constituer) ou d’induire une transe (c’est le vécu expérientiel qui induit et catalyse la transe). Notre utilisation des suggestions vise simplement à sécuriser, pousser et contenir la personne dans l’expérience sensori-motrice qui lui est proposée de vivre.